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Que se passe-t-il dans la tête du spectateur ?

Que se passe-t-il dans la tête du spectateur ?

Billets critiques sur le spectacle vivant & interviews


A quoi reconnaît-on un clown ?

Publié par Saad sur 21 Juillet 2014, 17:38pm

Catégories : #Clown & acrobatique, #Les pépites du spectateur, #Avignon OFF 2014, #Souriez: vous êtes critiqués

A quoi reconnaît-on un clown ?

Ecrit et interprété par Dromard Mathilde, Rossano Sophie - sur une idée originale de Sébastien Fayard - photo: Thomas O'Brien

 

 

   « A quoi reconnaît-on un clown ? ». Voilà une très bonne question à laquelle la Compagnie du i  se propose d’apporter une réponse. Pour ce faire, elle convoque l’expertise d’Emmanuelle Vincent, titulaire d’un master 2 en humour appliqué, qui est bien contente de donner une conférence sur l’humour en réponse à l’invitation d’Olivier 3.14 Py, directeur du festival IN d’Avignon – mais ça c’est parce qu’elle a mal compris. Duo de clown oblige, cette femme aussi solennelle qu’imbue d’elle même est affublée assistée dans sa noble mission d’une stagiaire qui a l’air aussi à l’aise qu’un rasta dans un sommet du G8. Celle-ci répond au doux nom d’Anne-Sophie Dullier et la bienveillance que sa directrice se dit prête à lui accorder ne suffira pas pour lui décontracter le périnée (je sais que c’est choquant…mais périnée fait bien partie de ces noms masculins qui s’écrivent avec un e à la fin)

   En somme, Emmanuelle Vincent est là par nécessité de briller et Anne-Sophie Dullier est là par nécessité tout court. Il ne faut d’ailleurs pas plus de trois pas à celles-ci pour que le public se fasse une idée  assez claire de qui est qui, dans son rapport à soi comme dans son rapport à l’autre. Le pari de l’expressivité est donc gagné pour ces deux demoiselles qui campent fort bien leurs personnages respectifs.

   Quid du scénario ? Annoncer sur le papier une conférence d’1h05 pourrait freiner plus d’un spectateur, même si c’est un master 2 en humour appliqué qui la donne. Sur le plateau, cette conférence est joyeusement mise à mal par la savoureuse maladresse d’Anne-Sophie comme par la pédanterie d’Emmanuelle, tellement hautaine qu’elle va jusqu’à proférer des gros mots comme « antonomase », « paronomase » et autres barbarismes dont les profs de Français en formation ont mille fois oublié la signification avant même d’avoir achevé leur cursus. L’art de la rhétorique sera par ailleurs écourté par la nécessité de faire une démonstration sur le potentiel de risibilité inhérent au nez rouge et la joyeuse déroute qui s’en suit assez logiquement. Cela peut paraître paradoxal mais ce rebondissement dans le scénario lui permet un peu plus de se soustraire au « prétexte à faire le clown », écueil plutôt récurrent dans un genre de théâtre qui mise souvent tout (ou presque) sur l’expressivité des personnages.

   J’arrêterai là parce que sinon je vais finir par parler comme Emmanuelle Vincent. Je ne sais pas par ailleurs si je dois qualifier cette pièce comme un « vrai travail de clown » vu que vous pourriez mal l’interpréter. Le mieux, c’est vraiment que vous alliez les voir…

 

 

Avignon OFF 2014

Du 5 au 27 juillet 11h00 à la Salle Roquille, relâche le 22 juillet

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