Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Que se passe-t-il dans la tête du spectateur ?

Que se passe-t-il dans la tête du spectateur ?

Billets critiques sur le spectacle vivant & interviews


Murmures des murs

Publié par Julie Madon sur 17 Mars 2015, 13:40pm

Catégories : #Théâtre sans paroles, #Création 2010

©R.Haughton
©R.Haughton

CONCEPTION ET MISE EN SCÈNE VICTORIA THIERRÉE-CHAPLIN avec AURÉLIA THIERRÉE – interprétation : Aurélia THIERRÉE, Jaime MARTINEZ et Antonin MAUREL – vu le 11/03/15 au Théâtre Sorano-Toulouse

   Capturée sur un plateau en constante métamorphose, une jeune femme poursuivie par un inconnu se balade dans ses pensées délirantes. La course-poursuite prend des détours de prestidigitation, empruntant toutes les ouvertures possibles d’une scénographie mobile et jouant beaucoup sur la richesse des déguisements.

   C’est dans un univers onirique et décrépi que nous amène cette aventure de bric et de broc, un univers muet fait de danse et de pirouettes, un univers de l’altérité dans lequel on met du temps à entrer. Un superbe monstre-marionnette émerge au milieu d’une scène de déménagement ; un flirt ordinaire se poursuit par un tango en suspension dans les airs... Les tableaux anodins ou hermétiques s’enchaînent et peu à peu, le spectateur se laisse prendre, emporté sans être émerveillé, entraîné sans savoir où il va, dans un monde à la fois comique et cloisonnant. 

©R.Haughton

©R.Haughton

   Le plus frappant dans cette pièce sans parole, c’est le dialogue poétique qu’entament les personnages avec les objets alentours. L’environnement est sans cesse questionné, en interaction, et tous les détails du décor peuvent faire l’objet d’une nouvelle expérience. Les comédiens sont des explorateurs : ils revêtent un masque surprenant, dansent avec des poupées inanimées, découvrent ce qu’il y a à l’intérieur d’une boîte en carton. Tout est toujours source de surprise et d’effets inattendus, tantôt séduisants, tantôt plus quelconques.

   Chaque mouvement se répercute sur les murs, des ombres éphémères formant de nouvelles silhouettes. Les jeux déposent des empreintes de poussière et de miettes sur le sol. Le décor atteint les personnages et les personnages déteignent sur le décor ; les hommes font parler les choses et les choses s’emparent des hommes.

   À la fin du spectacle, le sol, pareil à un champ de bataille, est couvert des traces de l’action. Le spectateur sort, lui aussi peinturluré de poésie muette.

Julie Madon

Représentations :

voir calendrier de la Compagnie Les Petites Heures

©R.Haughton

©R.Haughton

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents