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Que se passe-t-il dans la tête du spectateur ?

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Billets critiques sur le spectacle vivant & interviews


Epître aux jeunes acteurs pour que soit rendue la parole à la parole

Publié par Saad sur 7 Juillet 2013, 12:40pm

Catégories : #théâtre contemporain, #AVIGNON2013- Explorat° OFF & Best OFF, #Théâtre & Réflexion, #Critique & interview, #Création 2013

Epître aux jeunes acteurs pour que soit rendue la parole à la parole

Samedi 6 juillet 2013. Avignon. Le festival du OFF n’a pas encore officiellement débuté, ceci étant plusieurs compagnies ont commencé à sévir de part et d’autre de la ville : ça tombe bien pour votre serviteur qui est arrivé en avance. Premier flyer à l’allure convaincante tombé entre ses mains : « Epître aux jeunes acteurs » d’Olivier PY, avec cette expression clé qui l’a poussé vers le théâtre du Cabestan : « comédie satirique ».

 

   Satirique : oui. Comédie : un peu moins tout de même. Le texte, qui à la base était une commande passée à Olivier Py pour animer une conférence, est probablement trop profond ou du moins trop complexe pour être une véritable « comédie ». Olivier Py invite le public à réfléchir sur ce qu’est la Parole dans une société où la communication lui emboîte le pas. Réflexion soutenue pour un débat au demeurant pertinent dans cette époque où les médias (et le star system) laissent entendre que la parole de tel footballeur professionnel est aussi fondamentale que celle d’un intellectuel.

   La légèreté ou l’aspect comique sont plutôt servis par la mise en scène : des interludes musicaux tantôt jazzy tantôt festifs (musique de cirque) viennent ponctuer ce spectacle où une comédienne déguisée en dresseur de lion donne de temps à autre la réplique à une tragédienne grecque, personnage principal qui sert le texte d’Olivier Py avec emphase.

   Comme votre serviteur n’a pas tout compris au texte (d’après le médecin, pas d’affolement : la matière est bel et bien exigeante), il a jugé bon de demander quelques explications à Dominique DAVIN, le metteur en scène. Mais avant ça : un extrait du texte pour que vous vous fassiez votre propre idée :

 

« LA TRAGÉDIE : Ah ! Lui vraiment, le rabat-joie, il a toujours la foule de son côté. Il organise des colloques qui s'intitulent "Culture contre barbarie", et il a la foule de son côté. Il dit "Plus jamais ça" et il a la foule de son côté. Il dit "Peignez vos temples en couleur de désespoir fécal" et il a la foule de son côté. Il a peur des sectes et il a la foule de son côté. Il est plein de remèdes pour les maladies qui n'existent pas et il a la foule de son côté. Et quand il donne ses pièces jaunes au mendiant, quand il tartine culturellement la dépossession totale, quand il exhibe le patrimoine national pour faire mine de charité socialement correcte et culturellement éthique, quand il décore le patrimoine littéraire avec des vignettes jeunes et très techniques, il a la foule de son côté. Quand le rabat-joie approche son grand éteignoir sérieux de la flamme naïve, il a la foule de son côté. Et quand il crotte à la source où les braves gens vont boire, il a la foule de son côté. Sort le rabat-joie car finalement je n'ai pas d'argument, il profite de ce qu'il appelle la liberté de pensée et qui n'est qu'un débat d'opinion inepte, et moi je ne veux parler qu'avec ceux qui sont d'accord avec moi, sinon c'est du football, pas de la poésie. »

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