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Que se passe-t-il dans la tête du spectateur ?

Que se passe-t-il dans la tête du spectateur ?

Billets critiques sur le spectacle vivant & interviews


Si vous désespérez un singe, vous ferez exister un singe désespéré (forme réduite)

Publié par Saad Vs Nicolas sur 28 Juillet 2013, 11:35am

Catégories : #AVIGNON2013- Explorat° OFF & Best OFF, #Hors des sentiers battus, #1 spectacle & 2 opinions, #Théâtre & Réflexion, #Les contributions de Nicolas, #Souriez: vous êtes critiqués

Si vous désespérez un singe, vous ferez exister un singe désespéré (forme réduite)
Jusqu’où peut s’ouvrir le théâtre ?
Telle est la question que l’on a envie de se poser en sortant de Si vous désespérez un singe… spectacle tout à fait intéressant mais difficilement identifiable comme « spectacle vivant » .

La raison en est l’absence de jeu sur le plateau. Face au spectateur : un grand bureau et tout un tas de petits équipements informatiques, en somme une scénographie tout à fait réussie de laboratoire. Ainsi que trois artistes et une chienne, dont le badge accroché au collier indique « bête de scène ». Disposés coté cour et jardin, deux écrans projettent des extraits d’entretien avec des intellectuels plus ou moins véritables, la part belle étant accordée à Vinciane Despret, une philosophe qui questionne ici le rapport de l’humain à la bête. Si l’idée de Dominique Roodthooft de consacrer un spectacle à cette question et que celui-ci atteint très convenablement ses objectifs pédagogiques, qu’en est il du théâtre ? Car c’est dans cet endroit que prend forme ce spectacle. J’ai bien dit « prend forme » et non « se joue », car de jeu il n’est point question ici. Bon d’accord, le collègue de Dominique Roodthooft – la conceptrice et meneuse de cette conférence pas théâtrale – se met en scène à deux reprises, respectivement pour se gaver de jambon comme un porc puis pour mimer des cris d’oiseaux. Quant à la représentation du troisième artiste présent sur scène, là on touche le fond en terme de comédie : Monsieur a les yeux rivés sur son ordinateur portable durant toute la représentation. Youpi ! qu’est ce qu’on s’éclate ! Vous comprendrez qu’il faut un petit peu plus d’engagement dramatique pour éviter de comparer ce spectacle à une soutenance de thèse face à un public d’universitaires.

A titre de comparaison, le GdRA (groupe de recherche artistique) a réussi le pari de proposer deux spectacles dans la même veine – appelons ça du théâtre ouvertement tourné sur la réflexion – nettement plus convaincants, les séquences de documentaires video étant contrebalancées par un jeu de scène digne d’une représentation théâtrale grâce aux boniments enjoués de Sébastien Barrier et aux acrobaties extraordinaires de Julien Cassier. Si on n’en demande pas tant à l’équipe de Dominique Roodthooft, on l’invite néanmoins à se pencher sur la vacuité théâtrale de son projet pour qu’on puisse appeler ça du spectacle vivant.

Concept : Dominique Roodthooft / Smatch (Laboratoire d’idées) -- Vu le 27/07/2013 au Théâtre des Doms – Avignon
Dates de représentations Avignon 2013
Théâtre des Doms du 8 au 28 juillet à 17h30
L'avis de Nicolas

Ah grand Vizir Saad… vous avez envie que ça bouge, hein ? Vous en voulez pour votre argent (en même temps, vous n'avez rien payé avec votre accréditation, enfoiré ! ), vous voulez que ça swingue, que ça vous émeuve, que ça interprète…

Mais justement, je crois que ce parti-pris de la « non-interprétation » est parfaitement assumé. Je lis dans le dossier de presse : « Le genre : une invitation à penser tranquillement dans le paradoxe et la complexité de l’être humain (cela n’empêche en rien l’émotion, mais nous restons vigilants pour éviter le spectaculaire qui empêche de réfléchir). »

Vous posez à juste titre, O grand Vizir, la question de ce qu’est le théâtre et de la place de ce spectacle dans le off d'Avignon. Si vous faisiez un peu mieux votre travail, vous auriez lu sur le flyer « conférence drolatique sur l’animal », hein !! c’était pas marqué « interprétation virtuose sur un texte de Théophile Gautier »…. De toute façon, je n’aime pas ces catégories : « ça c’est du théâtre, ça c’est pas du théâtre ». Le théâtre, c’est pas du jus de fruit, qu’on peut catégoriser « frais», « à base de jus concentré »…. Moi, je m’en fous si c’est du théâtre ou pas, et d’ailleurs, je ne sais pas ce que c’est que le théâtre. Peu importe si c’est du théâtre comme on l’entend en quatrième quand une prof de français à l’accent nasillard demande des volontaires pour jouer le Malade Imaginaire. Moi, j’aime être surpris, étonné, désarçonné (c’est mon côté avant-gardiste). J’ai été très attiré par ce spectacle : d’abord par la scénographie quand on rentre (sorte de laboratoire Géo Trouvetou), ensuite par le style de jeu très posé (ça fait du bien). Mais ce sont surtout les réflexions induites par le spectacle qui m’ont touché. Et là, effectivement, je suis resté scotché par toute une inventivité incroyable. La réflexion sur nos rapports avec les animaux est fine. Rien n’est imposé. Les chercheurs prennent le temps de développer leurs idées. J’ai beaucoup aimé ces questionnements sur les présupposés des scientifiques (probablement parce qu’ayant fait moi-même des études scientifiques). L’intervention de Stéphane Douady sur les dunes qui chantent s’écarte un peu du sujet mais demeure liée sur la forme : montrer que la science peut être belle et que l’on peut ressortir informé mais aussi ému d’une communication scientifique.

Je conseille donc ce spectacle, qui est une conférence-performance et non l’interprétation d’un texte narratif. Vous ne regarderez plus jamais une vache ou une tranche de jambon de la même manière.

Saad le grand Vizir

Vous n'avez pas tout à fait tort, petit rédacteur adjoint. Mais évitez de trop prendre vos aises avec le grand Vizir sinon gare à la censure !!

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