Texte, jeu et mise en scène : Pierre Meunier -- collaboration artistique : MARGUERITE BORDAT – Photo : Jean-Pierre Estournet -- Vu le 21/12/14 à l’Usine – Tournefeuille
Y a de quoi s'embobiner avec le sexe ?
La Bobine de Ruhmkorff, c’est le nom d’un générateur électrique capable d’obtenir des tensions particulièrement élevées. Le rapport avec le spectacle de Pierre Meunier ? Dans la mesure où il est question de sexe et de matières capables de produire des étincelles lorsqu’elles se frottent, on vous laissera dresser le parallèle… La Bobine de Ruhmkorff ressemble surtout à une jolie parenthèse artistique, avec un performer qui se promène sur le plateau entre déclamations de textes « érotiques » (avec des guillemets pour l’euphémisme) et manipulations malicieuses de ferrailles assez singulières. Si Pierre Meunier a tout l’air d’un artiste plasticien-sculpteur qui a le goût du théâtre, ce que l’on retient pardessus tout de ce spectacle aussi léger qu’atypique, c’est le talent formidable avec lequel il parle de sexe face au public. Dans un premier texte, il narre une partie de jambes en l’air improvisée sur une gazinière. Le verbe y est aussi cru que fluide, et alors que le public pense que TOUT est dit dans les mots, Pierre Meunier ponctue son récit en adressant au public un regard soudain et médusé. On a rarement vu un artiste manifester aussi finement un doute légitime sur sa propre pudeur après un déballage aussi cru. L’effet de connivence est à son paroxysme. Plus tard, il récite la lettre d’un homme qui lui confie son besoin impérieux d’éprouver ce que sa femme ressent pendant la relation sexuelle. Cette fois-ci, ce sont des traits d’esprits mâtinés de gaudriole qui émaillent le récit et chatouillent au passage les neurones. Quand il ne s’adonne pas aux plaisirs de l’érotisme verbalisé, Pierre Meunier agence sa scénographie pour illustrer les joies du sexe. Avec un flegme à nul autre pareil, il erre comme un nomade entre moments absolument captivants et grandes accalmies. On se dit alors, au vu de la définition rapportée en introduction, que La Bobine de Ruhmkorff porte plutôt bien son titre.
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