Mise en scène Jean-Christophe Meurisse – Cie Les Chiens de Navarre : Avec Caroline Binder, Céline Fuhrer, Robert Hatisi, Manu Laskar, Thomas Scimeca, Anne-Elodie Sorlin, Maxence Tual, Jean-Luc Vincent – Photo© Ph. Lebruman 2013 -- vu au théâtre Sorano – Toulouse, le 8/11/14
Oua(r)f oua(r)f oua(r)f !!
Avec la foire aux gredins qui accueille le public à son entrée dans la salle, les parents qui sont venus sans leur progéniture doivent se féliciter d’avoir laissé la garde des rejetons à papi Fernand. Et c’est peu dire que papa-maman seront soulagés à cette idée car la plupart des scènes qui suivent célèbrent un plaisir de jeu principalement articulé autour de la transgression des normes costard-cravate. Les Chiens de Navarre seraient du genre à mettre les pieds dans le plat avant même que vous n’ayez ouvert la porte, quand ils ne déballent pas carrément les fesses et le zizi (et c’est fou ce qu’on peut faire avec un zizi - Pierre Perret ne sait pas tout sur le sujet). Effet de cette disposition à tout donner sur le champ ou effet du hasard, toujours est-il que le spectacle commence directement par son point d’orgue, à savoir une reprise en play-back du sulfureux « I’ve been lovin’ you » de Ike et Tina Turner, incarnés par deux affreux jojos dégoulinant d’une libido tellement ravageuse que papa-maman n’auront plus que pour seul souhait avide de reproduire la performance en privé. Face à cette scène orgastique, votre cerveau baigne déjà dans une sorte d’hilarité cathartique* et vous pouvez vous dire que peu importe ce qui suit, vous avez palpé le nirvana avec vos neurones de spectateur.
La « baignade » c’est d’ailleurs ce que proposent juste après et sans aucune transition un couple de gourous à un parterre de quatre énergumènes au malaise très contemporain, enfin quatre… disons plutôt 3 + 1 boulet, magnifiquement incarné par Maxence Tual. Au fil de cette séquence que l’on pourrait intituler « Usage de la syntaxe au service d’un mieux vivre avec son degré zéro », le déploiement raffiné de la langue et les allusions assassines enveloppées dans des sourires soyeux déglinguent les codes du coaching en petit groupe, mise à sac qui se poursuit sur un ton plus populaire dans l’entraînement à l’entretien d’embauche qui suit, où le jeu d’acteur prend agréablement le pas sur la recherche textuelle.
Passé le haut degré de comédie de ces trois premières scènes, le reste du spectacle perd (forcément ?) un peu en saveur, laissant le temps au spectateur de se demander pourquoi le spectacle s’intitule « quand je pense qu’on va vieillir ensemble ». La scène du couple en voiture laisse une impression mitigée entre l’hilarité provoquée par les deux toutous et l’usage injustifié de la nudité, même si c’est bien le seul passage qui paraisse justement en lien avec le titre de la pièce. Quant à la troisième scène de coaching en groupe, elle paraît carrément redondante tant dans le spectacle même que sur les plateaux de théâtre en général.
Fort heureusement, le spectacle se termine avec ce que les Cochons Chiens de Navarre savent manifestement faire de mieux : pousser la pitrerie jusqu’au bout pour rire en toute gratuité, quand ce n’est pas notre imbécillité qui est directement visée. Quoi de mieux alors que cette scène finale d’une poupée Barbie qui se jette dans les bras de son macho charmant après avoir longuement fait mumuse avec son lapin élastique pour boucler un spectacle où la transgression et la jubilation se confondent à merveille ?
Calendrier des représentations : voir site de la compagnie
Parentés humoristiques repérées dans la tête du spectateur :