Texte : Thierry Illouz -- Mise en scène/Interprétation : Christophe Laparra -- Direction d'acteur : Marie Ballet
Sur la page d’accueil de sa compagnie, Christophe Laparra interprète et metteur en scène de J'ai tout laisse une profession de foi qui résume fort bien l’esprit de son spectacle :
"Assister à la naissance d’un masque, de visages puis de corps de marionnettes, d’ambiances lumineuses, d’une scénographie épurée, de costumes en résonance avec les corps des personnages, entendre des sons musicaux et profonds et un texte incarné avec force et pour lequel nous n’avions jusqu’à présent eu qu’une impression silencieuse ; tout cela est d’une beauté et d’une grâce infinie."
Sur le plateau qui recueille les pas d’un homme en pleine crise de nerfs, la tension est en effet bien palpable dans le jeu de Christophe Laparra, qui offre là une des meilleures interprétations vues dans le OFF 2014 d’Avignon. L’homme est d’ailleurs à peine visible puisque la pièce qu’il arpente de long en large est plongée dans une pénombre que viennent juste troubler quelques halos de lumière dispensés par une lampe industrielle et une série de trois néons posés au raz du sol en fond de scène. L’ambiance est moite comme aux prémices d’un orage qui prend son temps pour éclater.
Le texte de Thierry Illouz laisse quant à lui plus perplexe. Si la rage est clairement dite, qu’y a-t-il d’autre dans ce texte qui ressasse la misère et toutes les passions tristes qu’elle suscite ? Ni tenants ni aboutissants, la littérature ici dispensée se cloître dans le sentiment répété et ne propose absolument rien d’autre. La forme donnée par Christophe Laparra a beau forcer le respect (d’autant plus que sa mise en scène est sobre, laissant son interprétation immerger l’intégralité du plateau), le fond du spectacle finit par tourner à vide. On se contentera donc d’attendre la prochaine proposition de sa compagnie, au vu de l’intensité avec laquelle il mène ce spectacle.
Avignon OFF 2014
Jusqu’au 27 juillet 12h50 au Théâtre du Centre