D’Emilie Malosse - Mise en scène Karim Troussi – photo : Jaâfar-AKIL, Emilie Malosse et Karim Troussi -- Compagnie du Jour
Dans un sketch de son second One Man Show, Pierre Desproges définissait la dignité de la façon suivante : « la dignité, c’est quand on baisse pas son froc à moins de 1000 balles la passe ». Loin de la causticité du fameux humoriste, la jeune auteure et dramaturge prend le parti d’écrire une pièce en huis clos pour questionner une notion manifestement beaucoup plus complexe que ne laisse entendre la boutade de Desproges, et c’est tant mieux.
Sur la scène entourée de pendillons blancs et coupée en deux plans par un velum transparent, une jeune femme se réveille et ne sait manifestement pas ce qu’elle fait là. Disons le tout de go, ce que l’on saura par ailleurs de ce personnage ne semble pas présenter grand intérêt, tant l’écriture est dans le cas présent plus portée sur la réflexion que sur la « dramaturgie » (comprenez « raconter une histoire »). Cette jeune femme, de par son amnésie et les angoisses qui en découlent, est en effet prétexte à convoquer trois figures historiques et mythiques qui ont inspiré l’auteure pour en découdre avec la définition de la dignité : « Médée, Robespierre et Moulay Ismail. Trois personnages qui, au nom de leur dignité, ont menti, volé, trahi, tué sans scrupules… Et, pourtant, trois personnages qui, loin d’être unilatéralement rejetés, sont souvent regardés avec beaucoup de sérieux voire d’admiration. Trois personnages dont il est effectivement difficile de dire si leurs actes sont dignes ou indignes… »
Cette ambiguïté qui titille les neurones quant à la notion traitée, les dialogues et autres joutes verbales qui opposent les quatre personnages la traduisent de façon convaincante, chacun d’entre eux étayant son point de vue avec une pertinence telle que l’on en vient à se questionner sur la légitimité d’actes aussi graves que le meurtre.
En toute dignité ! peut laisser perplexe quant à son enjeu purement dramatique, soit, mais la dialectique déployée sur cette notion vaut le détour.
Au Théâtre 145 jusqu’au samedi 14 juin
Le bonus du spectateur !
La Compagnie du Jour met en jeu 4 places par représentation jusqu’au samedi 14 juin, voir la page Concours.
Partenaires : La Fondation des Arts Vivants (Maroc) & Domia Production (Tunisie) Auteur : Emilie Malosse - Metteur en scène : Karim Troussi - Comédiens : Amal Setta, Rochdi Belgasmi, Henri Thomas et
http://www.compagniedujour.net/spectacles-2/en-toute-dignite/