Sans doute ? Probablement un spectacle qui se cherche encore
Sans doute est un spectacle que son metteur en scène et co-auteur Jean-Paul Delore qualifie « d’oratorio instable » du fait de cette alternance entre des chansons, des monologues ou dialogues et des passages instrumentaux. Rien à voir dans la forme donc, mais rien à voir dans le fond non plus puisque les textes n’ont ni fil conducteur ni thème en commun. Même topo pour la musique « électro-hard-barock ». Sans doute est en quelque sorte un OVNI spectaculaire qui évolue dans un théâtre musical avec la fantaisie d’un cabaret sans queue ni tête.
Sur le plateau, ils sont douze. Six musiciens assis au premier plan, devant six comédiens-lecteurs-chanteurs qui se tiennent debout face à leurs pupitres. Semblant d’organisation formelle sur fond désordonné ? Possible, mais chez les premiers comme chez les seconds il y en a qui portent des maquillages, masques ou déguisements et d’autres non. On aurait alors envie de penser à l’adage du grand philosophe Mc Donald qui dit: « venez comme vous êtes ». Bon... on va sans doute penser que je verse dans le sarcasme, mais ce décalage que l’on peut ressentir entre l’élévation humaniste de « venez comme vous êtes » et la grande usine à pognon qui s’en sert de slogan publicitaire, c’est peut-être ce par quoi le spectacle pêche un peu.
Avec ses textes (généralement très courts) dits ou dialogués dans des langues étrangères aussi diverses et variées que l’anglais, le japonais, le lari, le portugais, le xangana et le zoulou, le spectacle revêt un exotisme qui ne manque pas de charme, mais l’absence totale ne serait-ce que d’un thème commun entre les différents textes plonge le spectateur dans une absence de repères qui pourrait en laisser plus d’un perplexe. A la fin de la première chanson dont les paroles avaient manifestement un écho politique et qui bénéficiait d’un refrain entraînant, il n’a pas paru naturel au public d’applaudir les artistes qui semblaient vraiment attendre une petite salve d’encouragements avant d’attaquer la suite. Si ce moment où artistes et public se sont regardés en chiens de faïence n’était pas dû à la qualité de la chanson, j’en conclus que les codes utilisés dans ce spectacle ne paraissaient pas assez clairs.
Les musiciens bien alignés devant, avec l’ensemble vocal bien aligné derrière où chacun(e) a son pupitre : ça parait guindé. Les déguisements et la majorité des textes : complètement fantaisiste. Or il n’y a que des postures pince-sans-rire pour communiquer entre les deux. Est-ce que ce spectacle arrive dès lors à libérer son énergie rock et festive lorsqu’il s’agit d’interagir avec le public… ? Non. Pas ce soir là en tous cas. Il y a comme un défaut de conception dans la performance qui empêche toute cette énergie créatrice d’envahir l’audience et d’épanouir complètement ce bel avant-gardisme dans le mélange des genres et des langues. Trop sérieux pour être complètement fun et trop fantaisiste pour être pris au sérieux : le charme est bien là, mais la fête est un peu coincée…
Représentations
24/05/2014 |
20:30 |
MC2 Grenoble |
27/05/2014 |
20:30 |
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines |
29/05/2014 |
19:00 |
Théâtre de la Manufacture Nancy // Musique Action |
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