Quelque chose de grand nous arrive
En Octobre 2011, Grégory Faive créait dans une petite salle de l’agglomération Grenobloise (le CLC d’Eybens) Pourvu qu’il nous arrive quelque chose, réjouissant seul en scène articulé autour du Lexique amoureux du théâtre de Philippe Torreton, ainsi que de son intérêt pour des textes aux provenances très diverses, allant de Racine à Muriel Robin en passant par Jean Luc Lagarce.
Trois ans (ou presque) et quelques dizaines de représentations , le voilà qui revient en terre grenobloise pour poursuivre la carrière de ce spectacle dans l’enceinte de la MC2, scène nationale (et accessoirement plus grosse scène nationale de France – coucou les parigos) pour afficher (quasi) complet chaque soir. Ça sent bon la consécration…
OK… j’ai déjà dit du bien de ce spectacle dans ces colonnes mais comme je l’ai revu à presque trois ans d’intervalle et que j’en pense encore plus de bien aujourd’hui, je m’en vais surfer sur cette vague de plaisir pour remettre le couvert. Imaginez un peu la grande manne de réjouissances à laquelle on pourrait assister si chaque comédien s’appropriait un « lexique » ou « dictionnaire amoureux de (ce que vous voudrez, sachant que le string et les artichauts n’ont toujours pas été passés en revue) » pour le restituer sur scène comme l’a fait Grégory Faive, avec l’aide d’Anne Castillo pour le montage des textes. L’agencement des différents extraits de ce lexique est si bien imbriqué que l’on n’en perçoit pas les mailles, et la subjectivité inspirée et rieuse de Phillipe Torreton passe à travers Grégory Faive de façon tellement naturelle que ce dernier pourrait lui voler les droits d’auteur. A ce maillage invisible s’ajoutent ça et là des textes d’autres auteurs qui entrent en résonance avec le propos abordé. Un changement de lumière permet alors de basculer dans ce monde parallèle où le personnage d’observateur avisé devient comédien. Plus qu’un bel effet de style, ces parenthèses très à propos maintiennent le spectacle à bonne cadence, si bien que lorsque intervient la reprise de New York New York, le public sait comme par instinct qu’il est en train d’assister au climax du spectacle, ne pouvant contenir plus longtemps des salves d’applaudissements. Et quel climax ! Ça c’est de l’apogée spectaculaire ! (là je ne dévoilerai rien car il FAUT y assister).
Quelques minutes plus tard, au moment de saluer l’audience, Grégory Faive dit : « j’espère que pour vous il s’est passé quelque chose, en tous cas pour moi il s’est passé quelque chose ». Hé bien OUI Monsieur. La joie du spectateur pendant près d’1h30, C’EST quelque chose. Dont acte.
Représentations
à la MC2 Grenoble jusqu'au 24/05/14
à lire aussi sur Grégory Faive, un billet sur son spectacle "Life on stage"