D’après le conte d’Andersen -- Adaptation libre de Frédéric Vossier -- Mise en scène Jacques Vincey -- Scénographie Mathieu Lorry-Dupuy – Photos : Pierre Grosbois – Vu le 3/04/14 à l’Hexagone – scène nationale Meylan
Du Andersen en mode mineur…
Tiré du conte d’Andersen, L’ombre est un spectacle tout public exploitant avec une modération bienvenue les ressources de la videoprojection numérique et dont la morale parait plutôt équivoque.
Que faut-il en effet penser d’une ombre qui quitte son « maître » sur une invitation frivole de celui-ci et qui revient plusieurs années après sous la forme d’un homme qui aurait dans l’idée d’inverser les rôles ? Les intentions de vengeance affichées par l’ombre vis-à-vis de son ancien maître seraient légitimes si ce dernier l’avait maltraitée, or il n’en est rien et il parait difficile de voir en quoi réside l‘erreur du savant pour susciter de l’animosité de la part de son ombre. Dans ce conte où il n'y a pas de pacte (ou pour le dire autrement de lien d'engagement entre les deux principaux protagonistes ) il faut chercher midi à 14h pour trouver à cette ombre une morale qui ne soit pas tirée à quatre épingles. Quant à ceux qui auraient la fadeur de partir dans des interprétations Lacaniennes pour dire que l‘ombre est forcément malsaine puisque c’est notre « part d’ombre », il faut rétorquer : « Vade Retro Satanas ». Jacques Lacan, c’est de la brève de comptoir mais avec légitimation universitaire : il n’y a donc pas que dans les contes d’Andersen que la vie est injuste (et en l’occurrence mal écrite). Passé ce texte qui ignore sa finalité, que reste-t-il au spectacle ? Difficile de vanter le jeu des trois comédiens au vu de leur partition. Reste donc une esthétique, qui allie simplicité et clarté du style pictural à la modernité de l’outil numérique, et qui illustre bien l’inversion des rôles entre le savant et son ombre. Il y a aussi et surtout ce faciès (celui du savant) pour le moins étrange. Le masque porté par Geneviève de Kermabon, qui semble apprécier le grimage - voir son spectacle Sous ma peau, pour interpréter ce rôle ôte au personnage son humanité et le rend distant, mais parait cohérent avec son caractère asocial d’intellectuel complètement renfermé sur ses travaux. En somme, belle mise en scène pour un conte... qui manque de clarté.
à l’Hexagone – scène nationale Meylan
Je 03 avril 14 h 30 et 20 h
Ve 04 avril 14 h 30 et 20 h