D’après le roman Cosmos de Witold Gombrowicz --Traduction Georges Sédir -- Mise en scène et adaptation Joris Mathieu -- Photos: © Nicolas Boudier – Vu le 13/02/14 à l’Hexagone – Meylan.
Effet coquillage…
Très belle mise en scène que ce Cosmos écrit par Witold Gombrowicz et adapté par Joris Mathieu. Cependant, une belle esthétique suffit-elle à produire un grand spectacle ?
Vous connaissez bien sûr déjà la réponse… bref, c’était juste une question pour introduire une réserve face au grand décalage qui se trouve entre ce qui est ici illustré et les moyens mis en œuvre pour le faire. Malgré tous les soins apportés au dispositif visuel - Joris Mathieu parle de « Théâtre optique » – il y a de quoi rester perplexe face au texte de Witold Gombrowicz qui fait de la psychologie morbide à vau l’eau. Du moins « essaie de faire »…
Si au commencement l’histoire a de quoi charmer par la spontanéité de ses personnages – le narrateur Witold décide de faire une halte dans une pension de famille avec un ami, Fuchs, qu’il vient de rencontrer par hasard au cours d’une excursion – comme par le portrait de la famille hôtesse, à la fois pittoresque et inquiétant, l’exploration introspective du narrateur bascule assez vite dans l’ennui. On veut bien accepter de jouer le jeu au début de cette démarche où l’œil du narrateur tend à confondre la laideur d’une bouche (celle de la servante) avec la beauté d’une autre (la fille du couple), mais cet exercice de confusion dans la perception des individus ou plus largement de l’environnement du narrateur ne tient pas la longueur. Passé un certain temps, on a même envie de rire face au ridicule qui se déploie dans une scène plombante où les protagonistes considèrent le plus solennellement du monde les pendaisons successives d’un moineau et d’un morceau de bois. Pourquoi ne pas essayer de susciter l’effroi à partir d’une chocolatine et deux baguettes de pain pendant qu’on y est ? Difficile donc d’adhérer à ce texte psychologisant aussi « passionnant » qu’un road trip écrit sous acide, et par conséquent au spectacle que Joris Mathieu tente de construire autour avec force esthétique. Une forme aussi remarquable soit-elle ne peut pas compenser un fond très lacunaire…
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