TEXTE DE KOFFI KWAHULÉ - MISE EN SCÈNE : SÉBASTIEN GERACI - Compagnie La Troup'Ment - Vu le 21/11/2013 à l'Amphidice-Université Stendhal Grenoble 3
On peut lire ça et là que Koffi Kwahulé est un auteur qui traite dans ses textes de la violence faite aux femmes. Réputation émanant probablement du succès dont a bénéficié sa pièce Les recluses. Qu’en est-il de Nema ?
Sur scène divers personnages, distingués par leur rang social, avec les patrons d’entreprise d’un côté et les employés de l’autre, mais réunis par une pathologie commune. Tous ou presque, car Idalie semble exempte du lot, bien que prise entre les feux de tous les cinglés qui l’entourent.
Idalie est la femme de Benjamin, et tous deux occupent la direction de leur entreprise. Ayant remarqué des ecchymoses sur le visage de Nema, leur femme de chambre, le soupçon s’engage sur la sérénité de sa relation conjugale avec Nicolas, fleuriste à la démarche ambiguë.
Foisonnement psychologique.
Quand on entend que ce texte parle de la violence faite aux femmes, on se crispe un peu. Car entre la mère de Benjamin, véritable mère castratrice articulant son fils comme un pantin et malade au point de rejeter la faute sur une belle fille dont elle exagère l’ambition, le couple formé par Nema et Nicolas montrant une femme qui apprécie, au début de sa relation, le sadisme compulsif de son mari et enfin une demoiselle dont la nymphomanie est dépeinte avec cynisme (comme si une femme qui aime le sexe devait obligatoirement être cynique), on assiste à une galerie de personnages qui pourraient bénéficier de l’immunité psychiatrique s’ils étaient convoqués au tribunal. On imagine en effet facilement des experts psychiatres plaider l’altération de la faculté de jugement pour Nicolas, qui va jusqu’à reconnaître ouvertement ses pulsions sadiques, et Benjamin, dont le cheminement narratif démontre qu’il évolue dans la même catégorie que le premier, le recul en moins. Et la violence faite aux femmes dans tout ça ? S’il en est MANIFESTEMENT question, le thème semble toutefois isolé par ce qui ici l’engendre, à savoir la folie perverse qui habite les deux personnages masculins, dont un est par ailleurs conduit vers le mal par sa propre mère. On serait donc plus convaincu par le thème de la violence faite aux femmes si la question de la responsabilité masculine était plus prégnante mais comme on est face à deux pantins désarticulés de surcroît entourés par quatre femmes dont une seule est dépeinte comme « à peu près normale », on est beaucoup plus embarqué par une démonstration que la folie n’a pas de milieu social, le tout sur fond de thriller psychologique.
La pièce est à voir car, outre la richesse du texte et l’implication des comédiens, la mise en scène, réaliste au point d’assumer la crudité de certains passages, traduit tout à fait l’ambiance malsaine de ce petit monde et parvient à embarquer le spectateur dans une sphère aussi renfermée qu’un bon huis-clos.
Prochaines représentations: SAMEDI 11 JANVIER 2014 LA VENCE SCENE - SAINT-EGREVE
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Compagnie la Troup'Ment - Le Théâtre du Risque
VENDREDI 18 OCTOBRE ESPACE 1500 - 20 h 30 AMBERIEU EN BUGEY | | | NOVEMBRE 2013 | | | Perversion. Harcèlement. Domination. Pouvoir. Aucun milieu social n'échappe à la violence. Idalie, Benjamin ...