Texte : Nathalie Papin - Mise en scène : Émilie Le Roux - Cie Les Veilleurs - Vu à l’Espace 600, Grenoble - le 14/11/2013
Rien... de trop
Très belle pièce que Le Pays de Rien, mêlant représentation symbolique très forte et propos épuré jusqu’à l’essentiel. La cohérence est de mise pour le plus grand plaisir du spectateur.
Rarement la pénombre n’a été si belle à contempler, même si elle incarne le nihilisme qui règne au bien nommé pays de Rien. Notion fort bien déployée dans un texte qui semble basé sur une économie de mots tout en empruntant volontiers au symbolisme pour délivrer un propos fort sur la place de l’expression dans les sphères aussi bien familiale que publique. Le nihilisme prend donc ici la forme d’une censure qui va jusqu’à interdire le moindre soupir. Ça paraît extrême mais en prenant la notion de censure au pied de la lettre, le conte n’en sort que renforcé. Le parti pris de mise en scène, qui n’est pas sans rappeler le magnifique onirisme présent dans L’accordeur de tremblements de terre des frères Quay (les couleurs en moins…), peut lui aussi paraître extrême, mais c’est pour mieux épouser la symbolique du texte. Que de cohérence pour les yeux et les oreilles.